10 juillet 2016

Le projet de l'Éco-campus Hubert Reeves (dans le Technoparc Montréal) protégera-t-il tous les milieux naturels du site?

Depuis quelques semaines, de plus en plus de photographes et ornithologues fréquentent les marais du Technoparc de Montréal. C'est en grande partie grâce à Joël Coutu, un ornithologue professionnel bien connu, qui a fait découvrir ce magnifique site à plein de gens via ces visites guidées et par ces rapports de sorties qu'il rend publique sur ca page Facebook. Merci Joël! Ce dernier a déjà recensé 53 espèces d'oiseaux nichant dans le secteur. Il s'agit d'une véritable oasis au plein coeur de Montréal. Le site est bordé par l'aéroport d'un côté et par le Technoparc de l'autre côté. Une simple visite permet de constater la richesse de ce secteur. On y observe facilement des familles de Marouette de Caroline, de Râle de Virginie, de Canards branchus, de Canard colvert en plus des Hérons verts présents en grand nombre.

Le problème comme c'est souvent le cas avec les milieux naturels est que ce secteur est voué à être «développé ». Pour une rare fois, le projet est intéressant sur papier puisqu'on prévoit y construire l'Éco-campus Hubert Reeves. Sur le site web du projet, on le présente ainsi :
  • «Vitrine technologique mondiale consacrée aux technologies propres et au développement durable, l'Éco-campus Hubert  Reeves sera un quartier à part entière du campus Saint-Laurent jouissant d'une biodiversité exceptionnelle. » 
De plus, on y retrouve un vidéo de Hubert-Reeves qui vante le projet en affirmant :
  • « C'est un beau projet qui consiste à intégrer les activités industrielles, les intégrer avec la nature,  accueillir la nature dans le lieu même ou on continue à vivre. C'est un peu ramener la campagne dans la ville pour essayer de sauver la biodiversité qui est tellement menacée »
Dans le document «Éco-campus Hubert Reeves - imaginez », le projet est expliqué, localisé et mis en contexte. Voici quelques extraits :

  • «Le site à l’étude se trouve dans un des  dix écoterritoires de l’île de Montréal,  soit le corridor écoforestier de la coulée verte du  ruisseau Bertrand. La conservation des milieux naturels sur la propriété, ainsi que la présence d’un lien vert avec les milieux voisins sont essentielles à la préservation de la biodiversité sur l’île de Montréal."
  • « La protection et la mise en valeur des écosystèmes passent ici par un projet consciencieux, qui met en place les fondations d’un développement dont les composantes tendent vers un impact environnemental net zéro. »
  • « Souhaitant accueillir des entreprises tournées vers l’avenir, oeuvrant à la recherche de technologies propres,  Technoparc Montréal s’engage à conserver et à faire découvrir un site de valeur écologique importante sur l’île de Montréal.  Travailleurs et visiteurs bénéficieront de ce milieu de travail exceptionnel, cohabitant avec une riche diversité d’espèces fauniques et floristiques variant au  fil des  saisons. À l’image de l’astrophysicien et écologiste qui lui prête son nom, l’Éco-campus participe à l’intégrité de l’environnement, à la santé et à la préservation des écosystèmes qui entretiennent la vie."
Une grande zone de conservation est prévue, la grande majorité des milieux humides sont protégés, intégrés au projet et mis en valeurs. Un projet décrit ainsi et qui reçoit l'appui du grand Hubert Reeves devrait réjouir les écologistes, les ornithologues, etc.

Et pourtant, il y a un bémol! Suite aux messages de Joël Coutu sur Facebook et aux commentaires de plusieurs habitués du site, j'ai appris que le petit marais situé dans le secteur sud du projet le long du chemin Saint-François est voué à disparaître dans les prochaines semaines. Ci-dessous j'ai délimité le petit marais, le plus connu et le plus accessible du secteur, vous pourrez voir qu'en superposant la carte projet... qu'il disparaît. Bien sûr ce n'est qu'un minuscule marais et nous devrions être habitués de les voir disparaîtres. En effet, d'innombrables hectares de milieux humides ont disparu du grand Montréal, mais habituellement ces milieux humides ne sont pas rayés de la carte par des projets «verts».

Le petit marais qui semble être voué à disparaître abrite une étonnante diversité aviaire, la valeur écologique de ce marais ne peut pas être contestée, selon moi.

Il y a pourtant de l'espoir! Après avoir écrit un message sur la page Facebook de l'Éco-Campus Hubert Reeves, on m'a répondu :
  •  « Les travaux qui seront à venir vont en respect complet de la nature... » et « Le plan du projet n'est pas final, des améliorations sont constamment apportées, ce qui explique que ce plan n'est pas final. Nous prenons en note votre commentaire sur l'étang »
Sachant qu'Hubert Reeves approuve le projet et suite à la réponse que j'ai eue sur la page Facebook du projet, je garde espoir que ce marais sera protégé. Je crois que nous ne pouvons plus nous permettre de perdre d’habitats aussi riches, surtout dans le Grand-Montréal. Un projet aussi noble que celui de l'Éco-campus Hubert Reeves doit trouver une façon de protéger ce riche habitat.

Voici quelques photos réalisées dans le marais qui pourrait disparaître. Espérons que ces oiseaux auront encore un habitat le printemps prochain!

Marouette de Caroline (Sora — Porzana carolina) (Juvénille)

Râle de Virginie (Virginia Rail — Rallus limicola)

Héron vert (Green Heron — Butorides virescens)

Canard colvert (Mallard — Anas platyrhynchos)

1 commentaire:

M.Préville a dit…

Bonne présentation du dossier et excellente mise en contexte, Dominic.

Touchons du bois pour la suite des choses...

Michel (Préville)

Related Posts with Thumbnails